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L'orgue de l'église

Saint Gervais - Saint Protais

GISORS

Gisors (Eure)

 

Orgue Haerpfer-Erman de Gisors

Eglise de GisorsLa première église paroissiale Saint-Gervais Saint-Protais de Gisors a été consacrée en 1119. Ravagée par un incendie, elle est reconstruite en 1160.
En 1249, un choeur gothique est financé par la Reine Blanche de Castille.
Par la suite, au XVe siècle, ce sont des confréries de charité et des corporations de métiers qui la doteront de chapelles rayonnantes et d'un déambulatoire au niveau du choeur.
Les travaux se poursuivent au XVIe siècle avec la reconstruction de la nef en style gothique flamboyant et de la façade ornée de motifs Renaissance.

LES ORGUES

Il ne semble pas que l'église de Gisors ait été pourvue d'orgues avant la fin du troisième quart du XVe siècle. Le premier instrument fut acquis en 1472 par la confrérie de l'Assomption, pour être placé dans la chapelle qu'elle possédait dans l'église Saint Gervais ; en 1477, les trésoriers de Notre Dame de l'Assomption accordaient un subside pour aider à faire les orgues de l'église ; ces orgues avaient été données par Geoffroy de Contens , un bourgeois de Gisors. Nous ne savons où elles furent placées ; la seule chose certaine, c'est qu'on n'établit pas de tribune pour elles.
Nous ignorons tout de la composition de ces premières grandes orgues.
Mais, dès 1568, il était déjà question d'édifier de nouvelles orgues.
La dépense parut-elle trop lourde ? Toujours est-il que l'on renonce à poursuivre les négociations, et, en 1573, le facteur Nicolas Votier travaillait à la réfection des Orgues de 1477.

Quatre ans plus tard, en septembre 1577, les trésoriers de la fabrique reprenaient le projet abandonné, et décidaient de consacrer désormais un des bassins de la quête à cet effet et de réduire le nombre des ouvriers maçons qui travaillaient alors à la reconstruction de la nef, afin de pouvoir réunir la somme nécessaire à l'aménagement d'un instrument digne de l'immense vaisseau que les Grappin achevaient de parer des magnificences les plus raffinées de la Renaissance.
En 1578, le bassin des orgues avait produit 113 livres et les quêtes à domicile avaient permis aux trésoriers de réunir 1413 livres.

Un traité était passé le 11 mai 1578 avec le facteur laonnais Nicolas Barbier , qui avait déjà prouvé son grand talent par la construction des orgues de Nesle et de Saint-Quentin et qui s'occupa dès lors et jusqu'en 1580 de la construction du nouvel instrument, et même jusqu'en 1582, de son aménagement complet. Un second marché fut fait avec le menuisier Philippe Fortin pour la construction du buffet et Jean Grappin était chargé d'élever la tribune de pierre qui devait supporter les orgues.
On ne marchanda pas sur les moyens pour que l'œuvre fût en tous points parfaite ; Fortin et Barbier furent envoyés à Rouen pour s'inspirer des beaux buffets de style Renaissance que l'on pouvait admirer alors dans diverses églises de cette ville ; de ce buffet qui fut installé au mois de décembre 1579 , il ne nous reste que la description qu'en fait, vers 1629, le poète gisortien Dorival dans sa description de l'église de Gisors .
Au travers des périphases de ces mauvais vers, on distingue les traits essentiels de ce buffet qui rappelle beaucoup ceux que l'on peut admirer aujourd'hui encore à Saint-Maclou et Saint Vivien de Rouen.

La tribune, construite par Jean Grappin, en pierres de Vernon, est celle qui existe encore aujourd'hui.

En avril 1580, le ravissant escalier qui conduit aux orgues était achevé. Le mois suivant, l'orgue était terminé et la fabrique invitait le grand musicien ébroïcien Guillaume Costeley à venir visiter l'instrument.
Il ne restait plus qu'à achever la décoration et notamment la peinture du buffet et de la balustrade.

Nous connaissons la composition de l'orgue de Barbier par le devis qu'il présenta à la fabrique en 1577, et dont il a réalisé les différents articles en 1579-1580. L'instrument comprenait vingt-trois jeux.

La soufflerie ne donna pas longtemps satisfaction et dès le début de l'année et jusqu'en juillet 1584, nous revoyons Nicolas Barbier y travailler encore.
Le peintre Louis Poisson, au mois d'août 1585, peignait les piliers des orgues.
L'année suivante, I'organiste Étienne Aubriot réparait à nouveau la soufflerie ; en 1591, il devait remanier les tuyaux, y faire des pieds neufs et réparer les porte-vents, mais son travail parut vite insuffisant et une révision totale de l'orgue fut confiée au facteur parisien Roch Dargillières : celui-ci, d'octobre 1593 à juin 1595, travailla sans discontinuer.
En 1598, la soufflerie nécessitait une révision complète et le facteur d'orgues Ysacq Aubriot, avec le concours du menuisier Roland Mauvoisin entreprenait cette restauration qui ne fut terminée qu'en novembre 1601.

Après une nouvelle réfection de la soufflerie en 1615, une rénovation complète de l'instrument parut à nouveau nécessaire, et, par le marché du 24 octobre 1618, le grand facteur rouennais Crépin Carlier fut chargé du travail.
Tous les jeux furent refaits et Carlier ajouta au grand orgue un bourdon de bois de 8 pieds bouché sonnant à I'unisson du 16 pieds, un jeu de flûte traversière de plomb et une petite quinte (petit nasard ou flageolet).
En outre, Carlier fit construire un buffet de positif reproduisant en dimensions réduites le buffet du grand orgue ; trois statues : la Sainte Vierge, Saint-Gervais et Saint-Protais le couronnaient.
Les travaux commencés en septembre 1619 furent terminés en juillet 1620.

Dix ans après la restauration de Carlier, l'organiste Claude Aubriot devait, en 1630, faire quelques réparations à son instrument
L'année suivante, l'organiste de Saint-Jacques de la Boucherie de Paris venait visiter les orgues de Gisors et exécutait toute une série de révisions et de transformations.
Nous ne connaissons pas le devis de son ouvrage et c'est seulement par l'état dressé vers 1680 que nous pouvons inférer que l'adjonction au positif de deux nouveaux jeux, une flûte allemande et une fourniture, doit lui être attribuée.

Les orgues de Gisors ne réclamèrent aucune réparation jusqu'en 1651, année où fut refaite la soufflerie. L'année suivante, l'organiste de la Cathédrale de Beauvais visitait l'instrument, et, le 8 mars 1654, marché était passé par les Trésoriers de la Fabrique avec Claude de Villers , ce facteur rouennais qui s'était acquis une belle réputation en restaurant les grandes orgues de la cathédrale de Rouen.
Tous les tuyaux des grandes et des petites orgues furent démontés et révisés, la soufflerie fut réparée.

En 1682, l'instrument demandait une nouvelle révision, mais ce fut au rival de Claude de Villers, le facteur, rouennais lui aussi, Robert Ingout , que s'adressa la fabrique. Par le contrat du 2 janvier 1684, Ingout s'engageait à démonter, nettoyer et réviser tous les tuyaux, à refaire complètement la soufflerie, remplacer par des tuyaux d'étain divers tuyaux de bois, à faire deux tremblants, à transformer en nasard la flûte du positif et le larigot en tierce.

Après une légère réparation, effectuée en 1705 par le facteur Deslandes et la redorure du buffet faite en 1719, il fut procédé en 1724 par Ie facteur Labour à une nouvelle révision des jeux, complétée et généralisée l'année suivante par le facteur Jean Regnault qui refit encore la soufflerie et les sommiers.
Regnault et le facteur parisien Nicolas Collard étaient encore occupés à remanier l'instrument en 1728.

Depuis sa construction par Nicolas Barbier, l'orgue de Gisors avait subi maintes révisions qui, en somme, l'avaient peu modifié ; il pouvait passer pour archaïque et nécessitait de fréquentes réparations. Nous possédons une lettre de l'organiste Hugot de 1731 où il déplore cet état de choses. "Cet orgue qui peut à juste titre passer pour l'un des plus beaux de Normandie et même du royaume, pêche néanmoins dans ses parties essentielles".
Hugot ne demande pas une pédale de bombarde ni un jeu de hautbois au positif, mais seulement le strict nécessaire, faute de quoi l'orgue de Gisors ne tarderait pas à mériter à peine le toucher d'un musicien de la dernière classe.
Après une visite de l'organiste de la cathédrale de Rouen, d'Agincourt et du facteur rouennais Charles Lefebvre , un devis est demandé à ce dernier ; ce devis, dressé le 13 septembre 1737, prévoit, pour 2.800 livres, la révision totale de l'instrument et des modifications à la composition des jeux.
La somme parut trop élevée et Charles Lefebvre fut seulement chargé de quelques légères réparations en 1732 et 1746.

Le 4 juillet 1751, les trésoriers approuvaient un marché pour la réparation des orgues passé avec Jean-Baptiste-Nicolas Lefebvre , de Rouen, à la condition toutefois que la dépense ne dépasserait pas 1800 livres. Le facteur parisien Bessart approuva le devis proposé par Lefebvre, un marché ferme fut signé, le 5 septembre 1751, et les travaux suivants furent effectués de septembre 1751 à octobre 1752 :
Révision de tous les jeux, remise en état des sommiers du grand orgue, remplacement du flageolet et de la tiercelette par une flûte allemande de 8 pieds, suppression de la voix humaine, contrairement à l'avis de Bessart.
Au positif, adjonction d'un jeu de larigot.
A la pédale, adjonction d'un clairon.
Construction d'un cinquième soufflet.
Remplacement des claviers et du sommier du positif.

Orgue LEFEBVRE de GisorsCe fut encore à Jean-Baptiste-Nicolas Lefebvre que la Fabrique recourut le 2 avril 1769 pour la plus importante transformation que Ies orgues de Gisors aient subie depuis leur construction.
Le 7 avril, Lefebvre déposait entre les mains des Trésoriers son devis.
Marché fut conclu le 8 septembre 1769, mais les travaux avancèrent lentement, et le 16 septembre 1772, la fabrique avait à se prononcer sur une nouvelle proposition de Lefebvre, vu le mauvais état de la plupart des tuyaux du grand orgue, I'état de vétusté et l'architecture démodée de son buffet, le facteur estimait qu'il y aurait avantage à reconstruire complètement le grand orgue.

Le Duc de Penthièvre, le dernier seigneur de Gisors, prit à sa charge la dépense de la construction du buffet du grand orgue.

Ainsi fut fait ; la pose du nouveau buffet du positif nécessita la démolition de la balustrade de pierre et du pupitre de Fortin ; le serrurier gisortien Beauquesne les remplaça par une rampe de fer forgé pour laquelle on utilisa les deux anciennes grilles du cimetière.
Le buffet du grand orgue comme celui du positif fut l'œuvre des menuisiers Carbonnier et Greslez et du sculpteur Louis. Trois consoles décorées de feuilles de palmier supportaient de chaque côté, et au centre du buffet du grand orgue, les faisceaux de tuyaux de 16 pieds, la tourelle du centre dépassant d'un tiers les deux autres. De grandes urnes d'où s'échappaient de gros feuillages couronnaient le sommet de ces tourelles. Dans l'intervalle, au-dessus des huit pieds de montre, un amoncellement de feuillages stylisés montait jusqu'au pied de l'urne de la tourelle centrale.
Le buffet du positif présentait la même disposition, sauf que les tourelles du côté étaient au contraire plus hautes que celles du centre. L'ensemble était d'une bonne venue, un peu austère peut-être.

Les travaux de J.B.Nicolas Lefebvre ne furent terminés qu'à la fin de 1774.

Composition de l'orgue de JEAN-BAPTISTE NICOLAS LEFEBVRE

Le 13 décembre, le grand facteur parisien Francois Henri Cliquot, l'organiste de Saint-Germain-en-Laye, Lafont, et Dardel, le maître menuisier de Magny-en-Vexin, ne signalaient dans leur procès-verbal de visite que quelques vétilles auxquelles il était facile de remédier. La Fabrique donna décharge de son orgue à Lefebvre et remit une gratification de 150 livres au commis de Lefebvre, le facteur Dubois, pour le jeu de hautbois qu'il avait ajouté et pour la réfection des cinq anciens soufflets .

Après quelques réparations sans importance effectuées par Lefebvre en 1778, il n'est plus question de travaux aux orgues de Gisors avant l'an X de la République.
Pendant la Révolution, I'instrument ne s'était jamais longtemps tu, il participa plusieurs fois aux fêtes qui furent célébrées dans l'église, devenue Temple de l'Être suprême, et notamment aux fêtes de la fondation de la République.
L'organiste Girod, en I'an X et l'an Xl, effectua diverses réparations aux tuyaux de certains jeux.
Vingt ans devaient pourtant s'écouler encore avant qu'on ne songeât à la restauration complète que le manque d'entretien rendait chaque année plus indispensable ; le 25 avril 1833, le conseil de fabrique faisait remarquer au conseil municipal que l'orgue "dont la beauté faisait l'admiration de tous les connaisseurs" se trouve dans un tel état de dégradation que s'il n'est prochainement réparé, I'on se trouverait dans la douloureuse nécessité de cesser d'en faire usage.
Le conseil municipal resta sourd à cet appel et pour parer au plus urgent, on fit faire par le facteur Gorin les réparations les plus indispensables.
Au cours de l'année 1840, on dut renoncer à se servir de l'instrument et pendant plus d'un an, I'orgue se tut. Le 2 janvier 1842, la fabrique demanda à la Maison Daublaine et Callinet l'établissement d'un devis de restauration.
Le juge Hamel, de Beauvais écrivait le 8 février à un des fabriciens : "Vous possédez un instrument fort beau mais qui est dans un état de délabrement tel que la restauration en est devenue indispensable et malheureusement on a attendu si longtemps que c'est plutôt une reconstruction qu'une réparation qu'il s'agit de faire maintenant".
Trois devis successivement établis par Danjou, I'organiste de Saint-Eustache de Paris, et le facteur Girard, au nom de la Maison Daublaine, prévoyaient la remise à neuf des 2900 tuyaux de I'orgue.
Le deuxième devis fut accepté par la fabrique le 19 mars 1842.
Ce devis comprenait la réfection du sommier du grand orgue disposé pour contenir 20 jeux, la confection d'un sommier de récit pour 9 jeux, d'un sommier de pédales pour 7 jeux et d'un sommier de positif pour 16 jeux, la révision de tout le mécanisme, la fourniture d'une boîte expressive pour contenir le récit, l'établissement d'un nouveau système de soufflerie, la réparation de tous les tuyaux, l'adjonction d'une flûte de 16 pieds au pédalier, le remplacement de la troisième trompette du grand orgue par une de 8 pieds et d'une de 4 pieds, I'adjonction au récit d'une flûte harmonique, d'une trompette de forte taille et d'une voix humaine, adjonction au positif d'un salicional de 8 pieds et d'un de 4 pieds.
Grâce à de fructueuses quêtes à domicile et à un prêt consenti par la municipalité, ce programme fut entièrement réalisé.
Le 25 juin 1844, I'orgue était reçu solennellement par les experts désignés, Hamel, l'expert de Beauvais, Pierre Honoré Danainville, le facteur parisien, et Gautier, I'organiste de St-Etienne du Mont ; un beau programme musical fut exécuté par Danjou, alors organiste de Notre-Dame de Paris, les deux organistes de Saint-Roch, Lefebvre-Wély et Dierth, Boulanger et Duwarlet, les organistes des Cathédrales de Beauvais et d'Evreux, par Gautier, enfin, I'organiste de Saint-Etienne du Mont.

La restauration de Daublaine permit à l'orgue de Gisors de fonctionner d'une manière satisfaisante pendant près de cinquante ans.

Vers 1870, les sommiers avaient dû cependant être refaits par Merklin et Schütze.
En 1892, une nouvelle restauration s'imposait.
Des devis furent dressés par Kreicher, de Rouen, Abbey, de Versailles, Godefroy, de Paris , mais sur le conseil d'un musicien de talent, mal avisé en l'occurrence, l'Abbé Cresté, ce fut au facteur Anneessens, d'Halluin, qui ne pouvait se recommander que du prix modique de ses travaux, que la Fabrique recourut.

Par le marché conclu le 13 septembre 1894, Anneessens s'engagea à réparer et réharmoniser tous les jeux, à remplacer la soufflerie par un réservoir système Cumens, à 2 pompes, à faire un nouveau sommier de récit d'après son fameux système tubulaire pneumatique, à ajouter enfin au récif 4 nouveaux jeux, flûte harmonique de 8 pieds, viole de gambe de 8 pieds, voix céleste de 8 pieds et trompette harmonique de 8 pieds, à faire une boîte expressive avec pédale à bascule pour le récit, à réparer tous les sommiers, à mettre une sousbasse de 16 pieds à la pédale, à faire enfin des entailles harmoniques aux principaux jeux de fond.

Le 24 mars 1895, l'orgue était inauguré par Alfred Josset, organiste de l'École Sainte-Geneviève, les organistes Marie Voizard, Coling, Cabel et le titulaire de l'orgue de Gisors, I'éminent M. Jules Rousscau. Le travail d'Anneessens présentait déjà bien des défauts qui, sur les remontrances de Josset, furent en partie corrigées par le facteur en 1896.
Les modifications subies par le récit avaient été mal conçues et beaucoup de tuyaux furent rapidement hors de service.

La nouvelle restauration des orgues de Gisors que M. Ie Chanoine d'Hostel a confiée à l'habileté de M. Gutschenritter a eu tout d'abord pour objet de parer à ces défectuosités de l'ouvrage d'Anneessens.
M. Gutschenritter, outre une révision complète de tous les jeux, et l'application généralisée d'entailles harmoniques, a réalisé l'application d'une machine pneumatique pour adoucir les claviers, adjonction de pédales d'accouplement pour réunir les claviers à main au pédalier et les accoupler entre eux, remplacement des tuyaux d'anches du grand orgue, complément des jeux de pédale portés à 30 tuyaux, d'où agrandissement des sommiers, application d'appel des jeux de combinaison, électrification de la soufflerie avec ventilateur appliqué, établissement de nouveaux claviers à mains de 54 à 56 notes et disposés d'une façon plus commode pour l'organiste, installation de réservoirs à double pli, modifications dans les jeux, transformation du prestant du récit en flûte octaviante, de la cymbale du positif en un piccolo, du salicional en une unda maris, de la gambe de 4 pieds du grand orgue en une dulciane, de la grosse flûte en flûte harmonique, déplacement des jeux de sous-basse et du bourdon de 16 pieds qui encombraient le corps de l'instrument, adjonction d'une flûte de 32 pieds à la pédale ; d'un octavin et d'un basson-hautbois, un récit, transfert au positif du cromorne du récit, groupement par claviers des boutons de tirage des jeux, pose des tuyaux de façade sur de petits sommiers pneumatiques.
Les orgues de Gisors, avec leurs 3288 tuyaux parlants et leurs 70 tuyaux de façade, formerent alors un instrument de 55 jeux .

Nef de l'église de GisorsLes grandes orgues de Gisors avaient été tant de fois remaniées et renouvelées de fond en comble qu'on n'y pouvait plus guère reconnaître de parties très anciennes, à part le buffet édifié, nous l'avons vu, en 1773.
Cependant si l'on considère la composition et la répartition des jeux, on ne peut manquer de remarquer qu'elles témoignaient des œuvres des divers facteurs qui ont travaillé à l'instrument du XVIe siècle au XIXe siècle.
Au grand orgue, douze des jeux se trouvaient déjà dans l'orgue primitif de Barbier en 1579, le bourdon de 16 pieds et la tierce témoignaient de la réfection de Carlier, la flûte et la deuxième trompette de celles de Lefebvre, en 1751 et en 1774 ;
au positif, cinq des jeux existaient déjà dans I'orgue de 1579 : la flûte et la fourniture témoignent de l'œuvre de l'organier de 1631 ; la tierce et le nasard de celle d'Ingout ; la montre de 8 pieds, la trompette et le cornet, de la réfection de 1870 ;
le bourdon et la trompette du pédalier faisaient partie de l'orgue de Barbier, le clairon a été introduit par Lefebvre, en 1751, ainsi que la bombarde, la flûte de 8 pieds en 1770 ; Seuls les jeux du récit ne remontaient pas au-delà du XIXème siècle.

L'orgue est inauguré le 3 juin 1928 par André MARCHAL.


D'après la notice historique publiée par

MARCEL BAUDOT
Archiviste départemental de l'Eure.

Après la restauration de Gutschenritter.
Document intégral sur: http://orgue.gisors.free.fr/


Par la suite ...L'orgue Haerpfer-Erman de Gisors au sol avant montage


Les 6, 7 et 8 juin 1840, sous les bombardements, un incendie détruit dans sa totalité la toiture de l'église et l'orgue.
En octobre 1946, le grand pignon occidental de l'église, mal étayé, s'effondre durant une tempête, détruisant ce qui restait de la tribune.
En 1957, le relevage de la grande nef est entrepris, travaux qui dureront plus de 10 ans, entraînant le cloisonnement intérieur de l'église.

Le 8 octobre 1964, le conseil municipal décide la reconstruction d'un orgue "pouvant répondre à l'importance de l'édifice". Les crédits ne permettent pas une reconstruction à l'identique.
Le 16 novembre est établi un cahier des charges particulières. Deux projets sont proposés et soumis à cinq facteurs : Boisseau, Haerpfer-Erman, Gutschenritter, Kern, Schwenkedel.
Le 1er mars 1965, une commission se constitue, avec Francis Chapelet comme conseiller technique privé. Elle approuve à l'unanimité le projet Haerpfer-Erman correspondant au 2e projet-type : un orgue de 35 jeux, 3 claviers et pédale. La traction sera mécanique pour les notes et éléctropneumatique pour les jeux, il y aura des chamades et un tremblant.
Cependant, Francis Chapelet parvient à imposer les modifications suivantes : la traction des jeux sera mécanique ; les principaux et les mixtures seront en alliage à 75% d'étain (au lieu de 52% prévu), la console sera de type classique avec accouplement à tiroir.

L'orgue Haerpfer-Erman de Gisors1965-1967 : Querelles au sujet de l'esthétique du buffet : projets divers, hésitations et lenteurs administratives.

Le 26 juin 1967, L'architecte en chef des Monuments Historiques autorise la reconstruction du buffet à l'identique de l'ancien. Il invite le facteur d'orgues à construire le bas du buffet, précisant que le haut serait reconstruit avec des sculptures lors du remontage de l'instrument en tribune : les Beaux Arts prendront en charge le financement de ces travaux.
Soutenu par l'architecte en chef des Monuments Historiques, le facteur supprime les chamades initialement prévues, celles-ci n'étant pas conformes à l'esthétique classique française et qui ne figuraient pas dans l'ancien orgue détruit.
En 1968, l'orgue est prêt à être livré. Placé contre le mur provisoire de plâtre masquant la tribune encore en chantier, l'instrument est installé sur le dallage en attente de l'achèvement des travaux.
La tribune est prête à recevoir l'instrument en 1982. L'équipe Haerpfer démonte l'orgue et le remonte sur la tribune rénovée. Le buffet est alors complété de certaines parties ornementales qui lui manquaient jusque là. Un cornet de cinq rangs est ajouté.
Par contre, il est dommage que le Positif n'ait pas été doté d'une Montre de 6 ou de 8 pieds (même postiche) descendant jusqu'au niveau du sol de la tribune, l'actuelle semblant posé sur la rambarde, le dessous mal camouflé par un vilain contreplaqué.

L'orgue est inauguré le 16 octobre 1982 par sa future titulaire Sarah Soularue.
En 2006, un accord général est confié à Denis Lacorre. À cette occasion, la Mixture de Pédale est transformée en Théorbe de IV rangs. Des tremblants sont ajoutés au Positif et au Pectoral.

 

 

 

L'orgue HAERPFER-ERMAN aujourd'hui

Positif (56 notes) Grand-Orgue ( 56 notes) Pectoral (56 notes) Pédale (32 marches)
Bourdon 8
Flûte 4
Prestant 4
Doublette 2
Nasard 2 2/3
Tierce 1 3/5
Larigot 1 1/3
Fourniture-Cymbale V
Cromorne 8
Bourdon 16
Bourdon 8
Grosse tierce 3 1/5
Montre 8
Prestant 4
Doublette 2
Nasard 2 2/3
Tierce 1 3/5
Cornet V
Fourniture IV
Cymbale III
Trompette 8
Clairon 4
Bourdon 8
Flûte 4
Doublette 2
Sesquialtera II
Cymbale III
Voix humaine 8
Principal 16
Soubasse 16
Flûte 8
Flûte 4
Flûte 2
Théorbe IV
Bombarde 16
Trompette 8
Clairon 4
Tremblant   Tremblant
Rossignol
 

tirasses : Pos/Péd ; GO/Péd
accouplements : Pect/GO ; Pos/GO

D'après le très beau site consacré à cet orgue: http://orgue.gisors.free.fr/
... et merci à Sarah Soularue qui le joue si joliment.


DGW - Juin 2007

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