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B comme Bourges |
L'orgue de
la Cathédrale Saint-Étienne |
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J'avais envie de traiter de l'orgue de Blénod-les-Toul, rien que pour rappeler ce titre paru dans "L'équipe" un lendemain de match de foot contre Nud-les-mines: "Blénod réagit devant un Nud qui se redresse" ... mais je suis un peu court sur le sujet. Alors, B comme Bourges. La Cathédrale.
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Positif - 50 notes | Grand-Orgue | Écho - 38 notes (50?) | Pédale - 30 notes |
Plein-Jeu : Bourdon 8 Montre 4 Doublette 2 Fourniture III Cymbale II Jeux de mutation : Flûte 4 Nasard Tierce Larigot Cromore 8 Musette 4 |
Plein-Jeu : Montre 16 Bourdon 16 Jeu ouvert 8 Bourdon 8 Prestant 4 Doublette 2 Grosse-Fournitue III Petite-Fourniture II Cymbale IV Jeux de mutation : Flûte allemande 4 Grosse Tierce Nasard Quarte de Nasard Tierce Sesquialtera (à reprise) Flageolet 1 Cornet à Boucquin IV Trompette 8 Clairon 4 Cromorne 8 Voix Humaine 8 |
Prestant Doublette Fourniture-cymbalisée III Bourdon 8 Nasard Tierce Voix Humaine 8 |
Jeux ouvert 8 Jeux ouvert 4 Quinte-Flûte 5'1/3 Trompette 8 Voix Humaine 8 |
Tremblant fort - Tremblant doux - Ventouse - 2 jeux
de Rossignol |
L'orgue servira pendant plus d'un siècle sans encombre. Il a juste
été réparé en 1741 par le Parisien Nicolas
COLAS qui ajouta une Bombarde à la Pédale.
Pendant la Révolution, Jean-Baptiste BALLAND, alors en poste, propose
de tenir l'orgue pour rehausser les cérémonies civiques, ainsi il le sauvera
de la destruction. Le mobilier est saccagé sous la Terreur mais
l'orgue ne fut pas atteint. Il servit aux cérémonies décadaires
du Culte de la Raison dans l'édifice devenu alors Temple de l'Unité.
La cathédrale fut rendue au culte catholique après le Concordat.
L'orgue était conservé, mais dans quel état ?
Le viel instrument était à bout de souffle.
En 1818, le Chapitre fait appel à Pierre-François DALLERY pour
"reconstruire à neuf" l'instrument pour Pâques 1820. Dallery ne terminera
les travaux qu'en février 1821.
Louis CALLINET répara l'instrument en 1824 et 25.
Pour
pallier au mauvais état de l'orgue à la suite de fuites
d'eau au niveau de la verrière, un orgue de chur de
DUCROQUET est installé en 1855 dans un buffet réalisé
par le sculpteur CORBON.
Seulement, il fallait trouver une solution pour le grand orgue.
En 1858, la maison MERKLIN & SCHUTZE obtint un nouveau marché :
l'instrument fut inauguré le 30 octobre 1860.
Le nombre de jeux a été réduit à 34 en supprimant
le clavier d'Écho de Dallery. Les sommiers ont été
reconstruits à double laye afin de réunir les jeux d'anches
aux jeux de fonds. Tirasse à tous les claviers (au nombre de 3).
Réservoirs de soufflerie à plis parallèles.
Ainsi composé, l'orgue limité à 34 jeux faisait l'effet
d'un orgue de 50 jeux car ils pouvaient tous sonner simultanément
alors que l'orgue de Dallery ne permettait de faire sonner à la
fois que 14 jeux sur 35. Mais, la nouvelle soufflerie placée entre
le buffet du Grand-Orgue et celui de Positif, la console fut déplacée
sur le côté de l'instrument où l'organiste ne pouvait
pas apprécier l'effet de son jeu.
Après la première guerre mondiale une restauration générale
était devenue indispensable.
Elle fut entreprise en 1924 par Joseph RICKENBACH. Son programme
bouleversa la composition et la disposition ancienne du grand orgue. Il
installa une traction électro-pneumatique avec sommier à membranes
verticales, ajouta 17 registres nouveaux et augmenta considérablement
le nombre de tuyaux. Le vieux buffet s'en trouva bien encombré.
Cet énorme et complexe dispositif manifesta rapidement d'inquiétantes
faiblesses.
Victor GONZALES intervint pour une importante mise au point en 1934.
Le démontage des verrières durant le second conflit mondial mit à nouveau les orgues à la merci de la poussière et des intempéries. Elles purent cependant faire entendre une retentissante "Marseillaise" à la Libération.
En 1952-54, le grand orgue fut révisé par Robert BOISSEAU pour le compte
de la maison ROTHINGER : le nombre de jeux passa de 51 à 60,
la traction fut électrifiée. Le gigantisme dépassait le raisonnable.
Jeune organiste nouvellement nommé à la tribune, André
PAGENEL fit alors appel à Marie-Claire ALAIN en 1966 pour envisager
des travaux cohérents afin de rendre à cet instrument son caractère classique
en atténuant l'exubérance romantique que les augmentations
successives lui avaient abusivement apportée.
Le principe de ce projet fut accepté en 1971.
En 1976 Alfred KERN estime indispensable "une redifinition de
l'instrument avec beaucoup moins de jeux et une bonne disposition intérieure
des différents plans sonores".
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Alfred KERN fut donc chargé de ce travail. Daniel KERN dirigea
entièrement l'entreprise et revint à la conception initiale des facteurs
Joly et Cauchois pour le Grand Orgue et le Positif dorsal. Le 3e clavier
de Récit expressif reprit les jeux de Dallery. La console fut réinstallée
en fenêtre.
Le tiers de la tuyauterie date du XVIIe siècle, le 4e clavier d'Écho
est neuf. Le buffet a retrouvé sa couleur d'origine.
Il allait falloir encore une dizaine d'années pour que l'orgue
réponde à la cérémonie de bénédiction,
sous les doigts d'André Pagenel, le 18 mai 1986.
L'Association des Amis du Grand Orgue de la cathédrale de Bourges fait
maintenant vivre cet instrument lors de nombreux concerts et activités.
Positif - 56 notes | Grand-Orgue | Récit expressif | Écho - 37 notes | Pédale - 30 notes |
Bourdon 8 Prestant 4 Doublette 2 Nasard 2'2/3 Tierce 1'3/5 Larigot 1'1/3 Fourniture IV Cymbale III Trompette 4+8 Cromorne 8 |
Montre 16 Bourdon 8 Montre 8 Dessus flûte 8 (conique) Prestant 4 Flûte à fuseau 4 Grosse Tierce 3'1/5 Nasard 2'2/3 Quarte 2' Tierce 1'3/5 Flageolet 1 Grosse fourniture II Fourniture IV Cymbale IV Grand Cornet V 1e Trompette 8 2e Trompette 8 Clairon 4 Dessus Trompette 8 en chamade |
Gambe 8 Voix Céleste 8 Flûte Harmonique 8 Flûte Octaviante 4 Octavin 2 Cornet V Trompette 8 Clairon 4 Basson-Hautbois 8 Voix Humaine 8 |
Cornet V Trompette 8 |
Flûte 16 |
Jeux entièrement
anciens
Jeux partiellement anciens
Au Récit expressif, il s'agit de jeux de Dallery et de Merklin
& Schutze - Aux autres claviers et au pédalier, il s'agit de
tuyaux de l'époque classique.
C'est un des rares orgues de 16 pieds à avoir conservé son
Positif de 4 pieds, comme c'était l'usage au XVIIe siècle.
D'où l'absence de Montre 8 sur ce clavier. C'est en fait le Prestant
4 qui est "en Montre" (C'est à dire : "montré").
Extrait musical.
"Petite
chasse" de Claude Bénigne Balbastre.
Pourquoi Balbastre à Bourges? Parce que la composition de l'orgue est
identique à celle de celui de Saint-Roch que touchait Balbastre à cette
époque !
Un enregistrement dont je suis le preneur de son dans
des conditions rocambolesques. La première nuit on nous remit des clefs
qui n'étaient pas celles de la porte de la cathédrale. Force nous fut
de passer toute la nuit dans la Cathédrale et d'allumer moult cierges
pour avoir de la lumière et un peu de chaleur. Ce n'est qu'au petit matin
que nous trouvâmes les coussins de l'évêque dans un banc d'oeuvre, ce
qui nous permît d'attendre l'ouverture dans des conditions moins inconfortables.
Un enregistrement pour lequel je n'ai même pas été
payé de l'accord des anches, dont je n'ai même pas eu un
exemplaire et que je n'ai pu me procurer que par une copie illicite (mais
j'en ai les prises de son, donc, quelque part, je suis propriétaire
de uvre enregistrée). Un enregistrement loué par la
critique de "Diapason" alors que je ne suis même pas cité
comme en étant l'auteur. Il y a des goujats partout! Même
dans le milieu de l'Orgue. Mais, dans ce cas, est-ce encore vraiment le
milieu de l'Orgue ?