ABéCéDaire de l'orgue
E comme ÉPERNAY
Notre-Dame
d'ÉPERNAY

 

L'orgue Cavaillé-Coll de l'église Notre-Dame d'ÉPERNAY

 

 

Curieux, cette assymétrie!  Est-ce "avant" et "après" 1700?Si l'actuelle église Notre-Dame d'Épernay, édifiée de 1897 à 1905, est relativement récente, la paroisse peut s'enorgueillir d'une longue histoire qui se confond avec celle de l'Abbaye Augustine de Saint Martin jusqu'à la révolution Française, époque à laquelle son église abbatiale fut cédée aux paroissiens.
Dès le début du 16e siècle les moines avaient fait placer un orgue au fond de leur église. Cet instrument fut détérioré par un incendie en 1544 et finalement dévasté par les huguenots lors du sac de la ville en 1567.

Il faudra attendre 1623 pour qu'un nouvel orgue soit installé par Pierre LANSON. Les religieux fournirent le buffet, peut-être le vieux meuble de 1523 encore en place, et la partie instrumentale fut payée par les habitants de la ville.

Vers 1700, le Troyen LE BÉ se chargea de construire un instrument plus important, d'une vingtaine de jeux répartis sur deux plans sonores. Cet orgue resta en place jusqu'en 1826, année de son démontage lors de la reconstruction de l'église. Il fut remonté sur sa nouvelle tribune en 1835, puis transformé et agrandi en 1845 par Nicolas Augustin HUBERT, de l'Épine.

Aristide CAVAILLÉ-COLL fait irruption dans la vie musicale sparnacienne en 1867 quand un orgue de choeur lui est commandé. Ce choix fut dicté par le Comte Paul CHANDON de BRIAILLES, patron fortuné de la célèbre Maison de vins de Champagne et amateur éclairé de musique, qui propose un prêt de 30 000 francs à la Fabrique afin de pourvoir à la construction d'un grand orgue de tribune destiné à remplacer le vieil instrument essoufflé.
Lui même avait fait ériger un orgue dans son salon, orgue que Franz LISZT, ami de la famille, est souvent venu jouer et qui a fini à la décharge vers 1950.

Après plusieurs devis, la paroisse se résout à commander le 29 juillet 1868 un instrument de 24 jeux répartis sur 2 claviers et 1 pédalier.
Après avoir vainement essayé de convaincre la paroisse de travaux complémentaires, le facteur Parisien livrera finalement un ensemble comportant 34 jeux sur 3 claviers et 1 pédalier pour un montant de 46 000 francs (11 000 francs de plus que le devis accepté) tout en offrant de démonter le plan sonore supplémentaire si la Fabrique ne jugeait pas opportune "cette partie nouvelle et essentielle de l'orgue".
Cette stratégie commerciale se révélera efficace et l'instrument complet sera reçu et inauguré le 2 décembre 1869 par Alexis CHAUVET et Charles-Marie WIDOR.
Paul CHANDON finira par faire don, à la Fabrique, de la somme qu'il avait avancée.

Suite à un éboulement survenu en 1892, la décision de construire une nouvelle église, la troisième, fut prise.

Après l'inauguration de la nouvelle église, l'orgue de choeur est transféré sur une tribune provisoire au fond de la nef inachevée. Ensuite on construit l'actuelle tribune du transept sud sur laquelle le grand orgue est remonté en 1910.
Il est vraisemblable que le jeu de basson du positif ait été remplacé à ce moment là par une trompette pour mieux répondre à la taille du nouvel édifice.

En juillet 1918 l'instrument est démonté afin de le mettre à l'abri des bombardements qui seront fatals à l'orgue de choeur dans la nuit du 24 au 25 juillet.
Il sera à nouveau remonté en 1922 et un orgue de choeur neuf de Charles MUTIN fera son apparition en 1924. Ce dernier sera revendu à la paroisse de Marson en 1971.

Après plus de 75 ans sans autre intervention que l'entretien courant, ce chef-d'oeuvre de Cavaillé-Coll est à bout de souffle. Son titulaire Jean COLLARD l'aura maintenu dans un état proche de l'origine a l'exception du remplacement d'un jeu au positif.

En 2000, la restauration est confiée à Bernard HURVY qui a tout démonté, nettoyé, restauré, parfois remplacé à l'identique quelques unes des multiples pièces.
Après remontage il a procédé à la remise en harmonie, aussi proche que possible de l'origine, des 1932 tuyaux de l'orgue.
A l'heure où de nombreuses questions se posent quant aux attitudes à adopter face aux instruments anciens, la récente restauration de l'orgue de Notre-Dame d'Épernay offre l'exemple d'une réalité de terrain. Cette restauration est une véritable renaissance du chef d'oeuvre de Cavaillé-Coll dont les merveilleuses sonorités pourront encore longtemps enchanter les oreilles des sparnassiens.

ÉPERNAY - Notre-Dame
Positif - 56 notes
Grand-Orgue - 56 notes
Récit expressif - 56 notes
Pédale - 30 notes
Quintaton 8'
Salicional 8'
Unda Maris 8'
Flûte douce 4'
Doublette 2'
Piccolo 1'
Clarinette 8'
Trompette 8'

Bourdon 16'
Montre 8'
Bourdon 8'
Violoncelle 8'
Flûte harmonique 8'
Prestant 4'
Octave 4'
Doublette 2'
Plein-jeu harmonique
Basson 16'
Trompette 8'
Clairon 4'

Flûte traversière 8'
Viole de gambe 8'
Voix céleste 8'
Flûte octaviante 4'
Octavin 2'
Trompette 8'
Basson-Hautbois 8'

Voix Humaine 8'

Contrebasse 16'
Basse 8'
Flûte 4'
Bombarde 16'
Trompette 8'
Clairon 4'

Orage - Tirasses I, II, III - Octave grave GO - Anches Pédale, GO, Récit - Appel GO - Acc pos/GO - Rec/GO - Trémolo récit - Expression récit - .

Ecouter Jean-Pierre LEGUAY - Toccata de GIGOUT
Lors de l'inauguration de la restauration le 31 mai 2002 - (3,2 Mo)

 

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