ABéCéDaire de l'orgue: I comme Invalides L'orgue de l'église Saint Louis

 

L'église Saint Louis des Invalides, à Paris.

Une première surprise: cet orgue n'est pas classé et appartient à l'Etat. Il dépend du Ministère des Armées. Comme celui du Centre d'Instruction Naval de BREST dont je vous parlerai peut-être un jour et qui vient de l'église Saint-Louis des Français à Berlin.

Une deuxième pas surprise, cet orgue a un beau buffet mais un son vulgaire. Ce prodigieux buffet mérite qu'il soit présenté dans cette rubrique, avec la particularité unique de présenter son positif au dessus de la fenêtre de console, sous la façade du Grand-Orgue.
Sur le plan sonore, c'est un invalide aussi, dans son genre. C'est pour ça que je joins aussi, après la photo, un petit poème; enfin, une petite chanson, quoi !

L'orgue d'origine de l'église Saint Louis des Invalides fut construit entre 1679 et 1687 par Alexandre Thierry et comportait 37 jeux sur 4 claviers et pédalier. Orgue Royal, il avait la particularité d'être accordé environ 1/2 ton au dessus du ton de Chapelle, au ton de Cour*, comme l'orgue de la chapelle du Château de Versailles.
(* Environ 1/2 ton sous notre diapason actuel).

Placé dans un buffet construit par Germain Pilon, l'orgue sonnait déjà en 1682 et aurait dès lors été digne d'une visite royale. Le dessin du buffet est attribué à Jules-Hardouin Mansart. Très haut, 11 mètres, il présente la particularité que le grand-orgue et le positif ne sont pas dissociés mais superposés. Deux atlantes au torse nu, ceints d'une guirlande de fleurs, supportent l'entablement inférieur du grand-orgue. L'ensemble, d'une grande élégance, est peint en blanc et or.

En accord avec Thierry, Julien Tribuot en assura l'entretien et ajouta une flûte de 4 et un clairon à la pédale. L'orgue fonctionna pendant tout le 18e siècle, entretenu par J et M Tribuot, Carpentier, L-A et F-H Clicquot, puis, sous la révolution, par Dallery.

Abandonné en 1793 et déterioré par l'explosion de la poudrière de Grenelle, il est déclaré "hors d'état de servir" par la commission chargée de le visiter. Normalement, il aurait dû être démonté et approvisionner le magasin de pièces détachées des Arts et Métiers. Mais, bien que déclaré "de troisième ordre", il fut épargné et la tribune simplement fermée.
Elle fut réouverte en 1806 et Somer effectua un relevage, portant l'étendue des claviers à 52 notes et descendant le pédalier au fa 0.
En 1852, à la suite d'un incendie, le facteur Gadault est préféré à ses concurrents Ducrocquet et Cavaillé-Coll. Les travaux aboutirent à une reconstruction complète de l'instrument sur 3 claviers et pédalier, dénaturant complètement l'esthétique d'origine: suppression du plein-jeu du grand-orgue, des jeux de tierce du grand-orgue et du positif, et de la quarte.

Réparation sommaire en 1897 par Bonneau et Béasse.

Réparation par Abbey en 1923 qui pose un ventilateur électrique et une nouvelle console.

Bernard Gavoty, nommé titulaire en 1942 se préoccupa de faire reconstruire l'instrument par Beuchet et Debierre de 1955 à 1957.
Nouvelle intervention de Beuchet-Debierre en 1979.

Donc, finalement, cet orgue comporte 3 claviers de 61 notes et un pédalier de 32 notes, le tout dans une console retournée à traction électrique.
La tuyauterie est composite: une dizaine de jeux subsistent de l'orgue originel, en particulier les principaux du GO et du positif; Une quinzaine de jeux de Gadault, en particulier les anches et flûtes de pédale; Tous les autres jeux sont de Beuchet à l'exception de deux chamades ajoutées en 1979. ...

Non ? Vous ne voulez pas que je vous joigne la composition, quand même !

La chanson ? Cliquer ici. Interdit aux moins de 14 ans !

 

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