Je dois cette page déjantée à un illustre contributeur
du forum fr.rec.art.musique-classique de la hiérarchie "Usenet",
Paul & Mick Victor. Qu'il en soit ici chaleureusement remercié.
Instrument de la famille des orgues
à bouche, le khon est apparu il y a fort
longtemps en Extrême-Orient. "Khon" ou "khen"
est son nom laotien. En Chine,
"Sheng" on le nomme, au Japon "Shô", en Corée,
"Saing", au Viêt-nam "Sanh",
en Thaïlande, dans la province d'Issan, "Kaen" est son
nom
Le
premier khon connu date du VIe siècle. Est-ce à dire qu'il
n'y avait pas de khons avant cette époque ? Rassurez vous, il y
en avait, bien sûr... les khons sont éternels.
A quoi ressemble-t-il, ce khon, demanderez-vous, frétillants ?
Eh bien, le khon consiste en une série de tuyaux de bambou ou de
bois de tailles différentes, (les plus grands peuvent atteindre
3 mètres), organisés tantôt parallèlement,
(Viêt-nam, Laos, Thaïlande), tantôt en faisceaux (Chine,
Japon, Corée) et fixés dans une chambre de résonance
en ivoire ou en bois.
Parfois encore cette chambre de résonance est faite dans une calebasse.
Elle est munie d'une ouverture en cou d'oie dans laquelle souffle l'instrumentiste.
Chaque tuyaux possède une anche libre et un trou qui permet de
contrôler sa mise en résonance. Lorsque le trou est ouvert,
de l'air s'en échappe, de sorte que l'air qui continue à
monter dans le tuyaux est insuffisant pour mettre l'anche en vibration.
Lorsque le trou est fermé, l'air qui arrive à l'anche est
suffisant pour la faire vibrer.
Il y a trois tailles de khons. Les grands khons, les petits khons, et
les khons moyens, les plus répandus. Le khon possède entre
6 et 14 tuyaux, il existe même en Birmanie un modèle de khon
à tuyau unique. C'est là un assez triste khon, un pauvre
khon, un petit khon sans grande envergure. On fabrique les khons dans
des manufactures appelées "khoneries". Les gouvernements
chinois et birmans ont appelé vainement à les fermer, à
arrêter les khoneries. Mais la tradition de la khonerie étant
telle chez tous les peuples, ces appels sont restés lettre morte,
et l'on continue ici et là à fabriquer de grandes quantités
de khons. Le jargon des joueurs de khon est tout à fait savoureux.
On les appelle familièrement les "khonards". Lorsqu'ils
s'arrêtent de jouer, on dit qu'ils dékhonent. Lors des grandes
grèves des khonards chinois de 1974, les autorités leur
demandèrent sans ménagement d'arrêter de dékhoner.
L'accord du khon est pentatonique. Son timbre doux est très apprécié
dans les musiques traditionnelles, de danse, de théâtre,
on l'utilise tantôt de façon monodique, tantôt polyphonique,
tant il vrai que les khons peuvent épouser tous les styles.
En occident, parmi les parents des khons orientaux, on peut citer la
régale, instrument des 15ème et 16ème siècles
à clavier et à anches battantes métalliques, et surtout
l'harmonium. Parce que franchement, s'il existe un instrument chez nous
qui est khon, c'est bien l'harmonium.
Il faut le dire, c'est malheureux, mais le khon vieillit mal. Les vieux
khons perdent leur timbre, la cire qu'on utilise pour rendre hermétique
leur caisse de résonance durcit et finit par se désagréger.
Rien de plus sinistre qu'un vieux khon, le son en est foireux, il part
en khouille... Les trop jeunes khons ne valent guère mieux, leur
timbre est trop vert, il convient de les jouer quelque temps avant qu'ils
puissent donner leur pleine mesure.
L'histoire des khons est donc partie intégrante de l'histoire
de la musique.
Peut-être y en a-t-il un chez vous, un vieux khon ramené
d'une contrée lointaine par un ancêtre aventureux, un sale
khon qui prend la poussière au fond d'un grenier ? La première
chose à faire sera de reconnaître s'il s'agit bien d'un khon.
Pour cela, une méthode infaillible. Préparer un bassine
emplie d'eau savonneuse, plongez le bout du khon dans ce liquide et soufflez.
Si vous obtenez de la mousse, aucun doute n'est possible, vous êtes
en présence d'un khon, car selon l'adage, "il y a khon
s'il y a bulle".
Dans ce cas, prenez-en grand soin, nettoyez-le, consolez-le, ce n'est
pas de sa faute s'il est khon, il aurait peut-être mieux aimé
naître trompette ou violon.
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Paul & Mick Victor
Ah, le khon !
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Différents modèles d'orgue à bouche ici: http://www.musicologie.org/sites/o/orgue_a_bouche.html
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