ABéCéDaire de l'orgue:
M comme Monastier sur Gazeille
Un orgue Renaissance

 

Monastier sur Gazeille.

C'est dans la Haute Loire.

La restauration de l'orgue, en 1986, a permis de découvrir sa date de construction : 1518 (ou sa donation, par l'abbé d'Estaing), ce qui en fait certainement un des plus anciens de France.
Tout au moins le buffet.

Dans l'admirable église abbatiale construite en brèche volcanique aux multiples couleurs, l'orgue se trouve face à l'entrée du midi. Il est soutenu par une tribune solivée dont la poutre terminale porte gravé en lettres gothiques:
"Post obitum benefacta manent aeternaque virtus"
On ne peut qu'admirer ce magnifique buffet gothique qui a retrouvé toute sa polychromie.

Il s'agissait d'un "organum plenum", autrement dit un "blockwerk" mais le sommier qu'il contenait à la restauration était du 17e siècle. On ne sait pas qui est l'auteur de l'orgue du 17e siècle.

On ne connaît que le facteur qui est intervenu au 19e siècle, un certain Rousselet ou Rousselot qui le modifia totalement en 1859.
Il déplaça le grand sommier vers l'arrière, faisant disparaître les parois du fond en les remplaçant par une construction qui faisait saillie. Il installa un positif de dos qui fit disparaître quelques belles boiseries du garde-corps pour installer à l'intérieur un jeu d'harmonium. Il remplaça l'ancien clavier par un double clavier pour commander l'orgue et l'harmonium. Il éventra le soubassement pour installer une soufflerie à plis compensés disproportionnée.

Des tracés de diagrammes des tuyaux d'origine sur diverses pièces de boiseries à l'intérieur donnèrent envie de reconstituer l'orgue primitif mais ils étaient insuffisants pour tracer une ligne directrice sans risque d'erreur.

L'administration des monuments historiques prit le parti de privilégier l'orgue du 17e siècle en raison de la présence du grand sommier chromatique et de la mécanique des notes qui fut reconstituée à partir du grand abrégé.
Le clavier fut reconstitué avec des touches à l'aplomb du tirage du grand abrégé.
Les tirants de registres et le pédalier à la française furent reconstitués.
Une batterie de deux soufflets cunéiformes fut installée à l'arrière de l'instrument.
La reconstitution de la tuyauterie fut l'objet d'une attention toute particulière concernant la nature du métal, l'épaisseur des parois et pour les tailles.

Diapason 415 et tempérament inégal à 7 quintes mésotoniques et 5 quintes trop grandes pour éviter l'unique quinte du loup.

Composition :

Clavier manuel 48 notes sans premier ut#,

Montre 8,
Prestant 4,
Nasard 2 2/3, coupé en basses et dessus,
Flageolet 2, coupé,
Lancelot 1 1/3,
Cornet (au mi3),
Voix humaine, coupée,
Bourdon 8 à cheminées (modèle de Roquemaure),
Flûte 4 à biberon (modèle de Roquemaure),
Doublette 2,
Tierce 1 3/5,
Plein jeu IV,
Trompette 8, coupée.

Pédalier 24 notes en tirasse permanente.

Tremblant doux.

Cette restauration a été effectuée par Michel Giroud en 1986.

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