Aujourd'hui, pas un mais deux orgues.

Les deux orgues construits par Karl Joseph Riepp dans l'abbaye bénédictine de Ottobeuren, en Souabe.
Cette fois, c'est vraiment en Souabe, territoire au nord de l'Autriche, entre le Bade-Württemberg et la Haute-Bavière !

D'après le bouquin de P.M. Guéritey, "Karl Joseph Riepp et l'orgue de Dole"
GUERITEY (Pierre Marie), « Karl Joseph Riepp et l’orgue de Dole », Bron, impr. Ferréol, 1985 - 2 vol. 649 p. + planches. (Edition de la thèse de doctorat présentée devant l’université Lyon II : GUERITEYPierre-marie15/06/1985 Karl Joseph Riepp et les grandes orgues de la collégiale Notre Dame de Dole (1750). Les metamorphoses d'un instrument. Essai pour une reconstitution raisonnée de l'état d'origine à travers les documents et l'analyse technique. Jury : MM. Daniel Paquette, Manfred Kelkel, Michel Chapuis, Claude Noisette de Crauzat).

Le millénaire de la fondation de l'Abbaye d'Ottobeuren devait avoir lieu en 1764. Dans la nouvelle église dont la première pierre avait été posée par l'Abbé Rupert II le 27 septembre 1737, on érigea les stalles du choeur dès 1755.
Le buffet des deux orgues identiques se faisant face de part et d'autre du choeur est le prolongement de ces stalles et a été conçu avec elles par le menuisier Martin Hermann et le sculpteur Joseph Christian.

Il restait un peu moins de dix ans pour ériger les orgues prévus à l'origine, au nombre de trois, dont la réalisation est confiée à Karl Joseph Riepp.

- Un petit orgue de choeur côté évangile (Heiliger Geist Orgel: orgue du Saint Esprit).

- Un grand orgue de choeur côté épître (Dreifaltigskeit Orgel: orgue de la Trinité).

- Un grand orgue de tribune au fond de l'église, lequel resta à l'état de projet.

L'orgue du Saint Esprit avait dû être achevé dès 1762, de telle sorte que Riepp peut annoncer à Jean André Silbermann le 10 mars 1763: "à gauche 4 claviers 63 jeux, à droite 2 claviers 27 jeux".

Les stalles et la décoration en stuc de l'église du monastère ne sont terminées qu'en 1764 et les orgues juste avant les solennités du jubilé le 26 septembre 1766.

Après la mort de Riepp, John Holzay entretient ces orgues jusqu'en 1809.

Déjà en 1787 il effectue un relevage important au cours duquel il monta une première fois le diapason. En effet, de facture française (Riepp y tenait!), ces orgues étaient plus d'un ton sous le diapason des orgues d'Allemagne centrale.

L'orgue de la Trinité fut relevé par Joseph Bohl, d'Augsbourg, en 1862.
Celui-ci compte 68 jeux et remarque le pédalier à la française de 25 marches qu'il remplace par un pédalier à l'allemande.
Il construit également une soufflerie à plis parallèles pour remplacer les anciens soufflets cunéiformes et monte encore le ton de l'orgue.

En 1914 Steinmeyer restaure à nouveau l'orgue de la trinité et celui du Saint Esprit en 1922.

Un relevage de la mécanique de l'orgue de la Trinité a été effectuée en 1979 par Schmid, de Kaufbeuren, qui entretient ces instruments.

Pour la tuyauterie, Riepp avait choisi des tailles très étroites en rapport avec l'acoustique très généreuse de l'église mais les tuyaux ont été raccourcis de plus d'un ton et l'on ne peut malheureusement pas dire que les orgues d'Ottobeuren sonnent comme Riepp les avait harmonisés.
Sinon, aucun autre changement.

Orgue de la Trinité, côté Epitre:

Orgue du Saint Esprit, côté évangile:

Dans les deux instruments les sommiers de pédale ont 26 gravures (pour un pédalier de 25 notes !). Riepp avait prévu le LAo de ravalement au pédalier.

Voir et écouter l'orgue de la Trinité, côté épitre, sous les doigts de Karl RICHTER ? (JSBach - Passacaglia BWV 582/1 - Karl Richter - Orgue)

Ou encore, LA toccata et fugue en Ré : J.S.Bach-Toccata e Fuga BWV 565 - Karl Richter

Karl Richter joue, cette fois l'orgue du "Saint-Esprit" (Heiliger geist orgel), côté évangile. JS BACH, la Pastorale BWV 590.