Traité de l'Orgue de Marin Mersenne


PROPOSITION XXVI.

Déterminer s'il faut plus de vent pour faire parler les grands tuyaux , que pour faire parler les moindres , & en quelle manière les Facteurs mesurent le vent.

 

 

 

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L 'une des plus grandes difficultés des Orgues consiste à dispenser le vent aux tuyaux et à le ménager si largement que chacun en ait seulement autant qu'il lui en faut pour lui faire prendre son ton naturel.

&c. (Suit tout un sermon sur la grâce divine qui fait parler les tuyaux).

Il faut, ce semble, plus de vent pour faire parler les plus grands tuyaux que pour faire parler les moindres. C'est pourquoi l'on ouvre davantage les pieds de ceux-là que de ceux-ci, quoi qu'il soit difficile de déterminer si la grandeur de ces trous doit être en même raison que la grandeur des tuyaux. C'est à dite si le pied qui porte un tuyau double ou quadruple en longueur doit être double ou quadruple.
Mais l'on peut mesurer la force du vent afin d'en donner autant qu'il en faut à chaque tuyau, ou de l'affaiblir ou de le renforcer, selon la raison donnée. Ce que font les Facteurs par le moyen d'un porte-vent qu'ils mettent sous les pieds des plus grands tuyaux et sous lequel ils le laissent lorsqu'ils ont expérimenté qu'ils parlent nettement et que leur vent n'est pas trop faible ni trop fort.

(Il suit là encore une digression sur la vitesse du vent que l'on peut mesurer avec une roue à aubes ... en fait, rien sur la pression !)

Il suffit de dire ici que la quantité du vent qui entre dans les tuyaux de différente grandeur suit l'ouverture des pieds par où il entre et qu'il faut la faire plus grande aux grands tuyaux qu'aux petits, comme le pratiquent les Facteurs. Si la progression de ces ouvertures est semblable à celle de la longueur ou de la largeur des tuyaux, il est aisé d'ouvrir leurs pieds comme il faut sans qu'il soit nécessaire d'expérimenter si les tuyaux parleront bien avec telle ou telle quantité de vent. Néanmoins plusieurs Facteurs disent qu'il arrive souvent que les gros tuyaux parlent avec un moindre vent que les moindres, particulièrement quand leur bouche est fort basse car ils leur faut plus de vent quand elle est plus haute.

 

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