ABéCéDaire
de l'orgue:

V comme
Versailles

- L'orgue de la
Chapelle du château

 

 

"... Rasé par le prince noir, incendié par les huguenots, pillé par
les sans-culottes, cet orgue est entièrement d'époque ... "
(D'après "la visite du château").

Brève histoire de l'orgue :

L'orgue d'Etienne ENOCQ
Positif, 48 notes, ut1 à ut 5 sans premier ut#:

Prestant 4'
Doublette 2'
Fourniture III
Cymbale II

Bourdon 8' (ton de chambre)
Flûte 4' (ton de chambre)
Flûte 4'
Nasard 2 2/3'
Tierce 1 3/5'
Larigot 1 1/3
Cromorne
Grand Orgue, 48 notes:
Montre 8'
Prestant 4'
Doublette 2'
Fourniture III
Cymbale III

Bourdon 16'
Bourdon 8'
Bourdon 8' (ton de chambre)
Flûte 4'
Flûte 4' (ton de chambre)
Nasard 2 2/3'
Quarte 2'
Tierce 1 3/5
Cornet V

Trompette 8'
Clairon 4'
Voix humaine 8'
Récit, 25 notes, ut3 - ut5
  Cornet V Trompette
Echo, 32 notes, fa2 - ut5
  Cornet (sur deux registres),
probablement II et III
Voix humaine 8'
Pédale, 30 notes, la° - fa3
  Flûte 8' Trompette 8'

En 1679 Louis XIV fait commande d'un orgue à deux corps séparés (Grand-Orgue et Positif de dos) à Etienne Enocq.

L'orgue est construit en atelier mais les plans définifs de la chapelle royale contraint Robert Clicquot, son successeur, à tout recommencer en 1708, Robert de Cotte, succédant à Mansart, ayant prévu un buffet à un seul corps.
La composition était la suivante >>


Ce dernier reprend la composition de base prévue mais ne peut, faute de place, y envisager quatre jeux "de transport" qui avaient été prévus.
Ces "jeux de transport" étaient ce qu'on appelerait maintenant des "jeux transpositeurs", accordés au ton de chambre, 1/2 ton plus haut que le ton de chapelle. (Le tempérament inégal obligeait à réaliser des jeux différents, une simple transposition mécanique étant non envisageable). De fait, cet orgue a directement été accordé au ton de "Cour", 1/2 ton au dessus du ton de Chapelle.
(Le ton de cour a été imposé par Louis XIV afin de l'unifier et de permettre le jeu des instruments avec les orgues).

Inauguré en 1711, l'orgue de Robert Clicquot sonne pour la première fois sous les doigts de François Couperin.

En 1736, Louis-Alexandre Clicquot refait entièrement l'orgue, ajoute un troisième jeu à la pédale et, sans doute, la grande tierce 3 1/5'. Les claviers comportent 50 notes, sans premier ut#.

François-Henri Clicquot le relève en 1762.

Il supprime le bourdon de 16' du Grand-Orgue dont il se sert des basses pour faire une montre de 16'. Il remplace la trompette du récit par un Hautbois, supprime le larigot du positif et y ajoute une trompette, supprime le cornet d'écho qu'il remplace par une flûte et une trompette.

A la révolution, l'orgue a failli être vendu, mais sans son Buffet.
Somer le sauva, faisant valoir son grand prix.

En 1817, Dallery le répare et on en profite pour reconstituer, en carton, les emblèmes royaux qui avaient été supprimés en 1794. Il refait la façade, très abîmée, avec le métal de refonte, supprime le Plein-Jeu du Grand-Orgue qu'il remplace par un dessus de flûte à partir des tuyaux récupérés. Il ajoute une flûte au récit.

On ne sait pas grand chose des 50 années qui suivirent, sauf que les mutations simples et les mixtures du grand orgue ont été supprimées, d'autres jeux déplacés et de nombreux jeux de flûtes ajoutés. L'orgue est suivi par John Abbey.

 

 

 

 

L'orgue de CAVAILLE-COLL
Grand Orgue
, 54 notes:
Montre 8'
Prestant 4'
Doublette 2'
Salicional 8'
Bourdon 16'
Bourdon 8'
Flûte 8'
Flûte 4'
 
Récit, 54 notes

Violoncelle 8'
Plein-jeu
Voix céleste

Flûte 4'
Dulciane 4'
Bombarde 16'
Trompette 8'
Clairon 4'
Cromorne 8'
Voix humaine 8'
Pédale 30 notes,
  Soubasse 16'
Flûte 8'
Flûte 4'
Basson 16'
Trompette 8'

En 1873, Aristide Cavaillé-Coll transforme radicalement l'orgue pour en faire un instrument "moderne". Il ne garde de l'ancien que la façade, 36 basses de Bourdon, un Plein-Jeu et une Doublette incomplète.

Cet instrument à deux claviers est d'esthétique romantique et la console retournée, en bois ciré, est une véritable verrue dans cet ensemble blanc et or.

Deux des claviers retirés de la console en fenêtre vont orner l'orgue du "Dauphin" à la demande de Charles-Marie Widor.

En 1933 cet orgue ne parlait plus guère .

 

 

En 1936, la "Commission des Orgues" décide de reconstituer le "Clicquot".

 
L'orgue de GONZALEZ
Positif
, 54 notes:

Montre 8'
Prestant 4'
Doublette 2'
Fourniture III
Cymbale II

Bourdon 8'
Nasard 2 2/3'
Tierce 1 3/5'
Larigot 1 1/3
Cromorne
Grand Orgue, 54 notes:
Montre 8'
Prestant 4'
Doublette 2'
Fourniture IV
Cymbale III
Bourdon 16'
Bourdon 8'
Flûte à cheminée 4'
Quarte 2'
Nasard 2 2/3'
Tierce 1 3/'5'
Cornet V
Trompette 8'
Clairon 4'
Voix humaine
Récit, 54 notes
  Cornet V Trompette
Hautbois
Echo, 54 notes
  Cornet
Flûte
 
Pédale
  Soubasse 16'
Flûte 8'
Bourdpn 8'
Flûte 4'
Bombarde 16'
Trompette 8'
Clairon 4'
Copula: GO/Pos; & GO/Récit
Tirasses: GO & Positif
Tremblant fort et doux
Appel et renvoi anches et mutations des deux claviers GO et Positif
Traction mécanique

Victor Gonzalez est choisi pour ce travail malgré l'opposition de Widor qui aurait préféré conserver le Cavaillé-Coll.

 

L'orgue de Cavaillé-Coll fut alors transféré au petit Séminaire de Châteaugiron, puis à l'église de Saint Martin de Rennes avec les 36 tuyaux de Bourdon en chêne d'origine.

 

 

 

 

 

Un reconstitution scrupuleuse a été menée au cours de ces dernières années par Jean-Loup Boisseau et Bertrand Cattiaux, reconstitution qui n'a rien gardé du Gonzalez.

C'est un orgue NEUF "à la manière de ...".

Il s'agit d'un retour à l'orgue de 1710 avec ses transformation de 1736 et de 1762.
Le François-Henri Clicquot, quoi!

Les claviers font 50 notes sans premier ut# et le pédalier 30 notes avec ravalement des anchesau la0 parlant sur le premier ut#.

Le tempérament d'accord est un mésotonique adouci afin de pouvoir utiliser ré# ou mib ainsi que sol# ou lab.

 

 
L'orgue de BOISSEAU & CATTIAUX
Positif
, 50 notes, ut1 à ré5, sans premier ut#:

Montre 8'
Prestant 4'
Doublette 2'
Plein-Jeu VI

Bourdon 8'
Flûte 4'
Nasard 2 2/3'
Tierce 1 3/5'
Larigot 1 1/3
Trompette 8'
Cromorne 8'
Grand Orgue, 50 notes, ut1 à ré5, sans premier ut#:
Montre 8'
Prestant 4'
Doublette 2'
Fourniture IV
Cymbale IV
Bourdon 16'
Bourdon 8'
Dessus de flûte 8' au ut3
Grande Tierce 3 1/5'
Nasard 2 2/3'
Quarte 2'
Tierce 1 3/'5'
Cornet V
Trompette 8'
Clairon 4'
Voix humaine
Récit, sol2 à ré5
  Cornet V Trompette
Hautbois
Echo, sol2 à ré5
  Bourdon 8'/Flûte 4'
Cornet III
Voix Humaine 8'
Pédale, ut1 à fa3 avec la0 sur premier ut#
  Flûte 8'
Flûte 4'
Trompette 8'
Clairon 4'
Copula à tiroir: Pos/GO; & GO/Récit
Tirasses: GO
Tremblant fort et doux

 

Les claviers furent refaits sur le modèle des deux subsistant dans l'orgue du Dauphin. La division d'octave en est, d'ailleurs, particulièrement étroite: 154 mm.

Le pédalier fut restitué avec celui de Houdan pour modèle.

Le panneau de pupitre en chêne, trompe-l'oeil de celui d'origine dont on possède la description détaillée (une photo!), est placé en attente du panneau ancien disparu, à moins qu'on le retrouve et que l'heureux possesseur veuille bien le restituer.

Un banc a été réalisé sur le modèle des tabourets du château.

La tuyauterie fut reconstituée à partir des quelques existants encore et sur le modèle de l'orgue de Houdan dont la disposition des deux claviers principaux en gravures intercalées est identiques.
Des tuyaux ancien n'ont pu être récupérés que les 4 rangs de Plein-Jeu de Robert Clicquot et placés au Grand-Orgue. La Doublette retrouvée dans un placard était trop détériorée.

La façade est neuve, celle de Dallery ayant été conservée à la disposition des générations futures.

La pression est de 95 mm colonne d'eau.

Boisseau et Cattiaux ont créé une oeuvre qui, voulant imiter les Clicquot, n'en n'est pas moins une oeuvre personnelle de grande valeur par sa qualité.

L'orgue a été inauguré les 18 et 19 novembre 1995.

Voir Michel CHAPUIS jouer l'orgue de la Chapelle Royale de VERSAILLES :

 


 

A son tour, l'orgue de Victor Gonzalez a été transféré à Laroque-d'Olmes, en Ariège, dans l'église du Saint-Sacrement qui date du XVIe siècle.
La Manufacture Languedocienne des Grandes Orgues, de Lodève, a accompli le travail de remontage dans un buffet neuf, en chêne.
Ainsi est sauvé un témoin intéressant de ce que le "parisianisme" avait imaginé en matière "d'orgue néoclassique". On est sûr, au risque de décevoir les édiles et les paroissiens de Laroque, que cet orgue ne contient rien du temps de Louis XIV. Par contre, c'est à juste titre que sa titulaire, Christine Bouin, peut s'enorgueillir de disposer d'un instrument d'une provenance prestigieuse.

 

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