Traité de l'Orgue de Marin Mersenne |
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Il faut encore ici consulter l'expérience afin de remarquer que les sons ne suivent pas aussi la raison des tuyaux de même grosseur, quoi qu'il s'en faille peu, particulièrement aux petits tuyaux. Celui d'un demi pied de long dont le diamètre est de 3 lignes approche si près de l'octave de celui qui est sous-double en longueur qu'il est difficile de remarquer de combien elle est trop faible. Avec de plus gros tuyaux qui parlent mieux, il s'en faut ordinairement d'un demi ton, ou près d'un ton que le tuyau double en longueur ne fasse l'octave. Néanmoins si l'on retranche différentes parties d'un même
tuyau selon la raison des intervalles de Musique, par exemple : Il est certain que tous les tuyaux d'un Orgue ne peuvent être de
même grosseur, quoi qu'ils aient l'étendue de leurs sons
beaucoup plus grande que ceux de même longueur et différents
en grosseur. Le tuyau différent en sa seule longueur peut monter
de deux ou trois octaves. Par exemple, deux tuyaux de 4 lignes de diamètre
dont l'un est triple en longueur, le plus court monte plus haut d'une
onzième et non d'une douzième comme il devrait faire si
les sons suivaient la longueur des tuyaux. Il faut qu'il soit quasi sous-quadruple
pour faire ladite douzième car il monte à la sixte mineure,
ou tout au plus à la majeure sur l'octave, c'est à dire
à la treizième quand il est 4 fois plus court. Ayant pris un tuyau double en grosseur du précédent, c'est
à dire d'un diamètre d'un demi pouce pour une longueur de
1/2 pied, l'ayant raccourci d'une neuvième partie, il monte un
ton plus haut et fait l'unisson avec celui qui lui est sous-double en
grosseur. &c. On peut conclure de tout ce discours que les tuyaux de même grosseur
ne peuvent pas faire tous les sons de l'un des jeux de l'Orgue, et qu'ils
ne peuvent faire tout au plus que la quinzième, laquelle ne vaut
rien parce que le son en est trop aigre. ...
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