Montrer
combien l'on peut faire de jeux composés sur l'Orgue :
où l'on voit la manière de combiner , conterner ,
conquaterner , &c.
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Si l'on prend les 22 jeux
précédents du Grand Jeu de l'Orgue, on saura combien de
fois ils se peuvent varier étant pris deux à deux, ou trois
à trois, etc. Si l'on multiplie 22 par 21, et puis le produit par
20, etc. jusqu'à ce que l'on ait autant de rangs de nombres comme
l'on veut prendre de jeux.
Si l'on veut faire tous les jeux composés de 2 ou de 3 simples
jeux, 22 multiplié par 21 donnera 462 jeux composés de 2
simples jeux. Si l'on multiplie encore 462 par 20, on aura 9240 jeux différents
composés de trois simples jeux.
Ceux qui voudront savoir combien il y a de jeux composés de 4,
5 ou 6 simples jeux, ils trouveront les nombres requis en multipliant
9240 par 19, puis le produit par 18, etc. Ce nombre est si grand que la
vie d'un Organiste n'est pas assez longue pour en user.
(Surtout, il y a des tas de mélanges débiles
ou inesthétiques ! Par exemple la cymbale toute seule avec la tierce
... pas terrible !).
Mersenne fait suivre un tableau où l'on voit tous les mélanges
possible sur un Cabinet de 8 jeux. Il prend son pied, là, dans
un exercice mathématique destiné surtout à nous montrer
combien de fois on peut faire monter la garde à 2, 3, 4, 5, 6,
7 ou 8 hommes d'un groupe de huit, afin qu'il y ait un homme nouveau à
chaque fois.
Corollaire I
On ne peut user de ces jeux en toutes ces manières. Les Organistes
en joignent déjà 7 dans le Plein Jeu et dans le Cornet entier.
Les Organistes peuvent jouer 255 jeux différents sur un orgue de
8 jeux ...
Corollaire II
La considération de tous les jeux différents de l'Orgue,
tant simples que composés, n'est pas indigne des bons esprits qui
en peuvent tirer des connaissances particulières pour perfectionner
ou pour commencer la philosophie fondée sur les différentes
expériences de l'oreille, de l'il et des autres sens.
Par exemple le jeu de Nazard, composé de deux tuyaux qui sont à
la quinte, à la douzième ou à la dix-neuvième
l'un de l'autre, imite ceux qui parlent du nez, et nazarde.
Puisqu'il n'y a pas de jeu qui n'ait quelque effet différent des
autres jeux, on aura autant de sujets pour raisonner, qu'il y a de jeux
différents dans l'Orgue.
La conjonction ou l'addition de plusieurs sons ont une grande multitude
d'effets qui sont différents en quantité et en qualité.
Ce qui rend le jeu de Cornet différent des autres dépend
particulièrement de la dix-septième qui fait un petit son
aigu, lequel imite celui du Cornet de musique. Les quatre autres tuyaux
qui font l'unisson, l'octave, la douzième et la quinzième,
et même ceux qui font la tierce et la dix-septième majeure,
ne peuvent imiter parfaitement le Cornet quand la dix-septième
est absente.
Le jeu du Larigot est particulièrement fait par la dix-neuvième.
La Flûte par l'octave. La Doublette par la quinzième. Le
Flageolet par la vingt-deuxième.
Quand le jeu de Cornet est mêlé avec le Tremblant et avec
le Clairon, il fait un jeu très excellent qui imite plutôt
le Hautbois que le Cornet à bouquin.
Le jeu du Cromorne ajouté au Nasard contrefait parfaitement la
Musette.
Toutes les autres compositions possibles des jeux de l'Orgue requerraient
un volume entier.