Traité de l'Orgue de Marin Mersenne.

PROPOSITION XXXIII. Expliquer la différente force des poids qui pressent les soufflets , & suivantes les différentes inclinations de leurs couvercles.

Un même poids presse toujours également sur un soufflet à lanterne, tel qu'on peut le voir dans la Proposition I.
Il pèse et presse fort inégalement sur les soufflets ordinaires en forme de triangle (comme un livre que l'on ouvre).
Sur le triangle A B C, il est certain que le poids mis au point C presse le couvercle C A pour l'abaisser sur sa ligne ou sur le plan horizontal A B. Ce point de pression s'applique selon la perpendiculaire C I . Lors que le couvercle C A est abaissé en D, le poids C presse A D par la perpendiculaire D H. La force ou la pesanteur du poids est en C et en D comme la ligne A I est à la ligne A H. C'est à dire qu'il pèse deux fois autant en D qu'en C si la ligne A H est double de A I.
Ceci posé, le poids aura plus de force en E qu'en D, en F qu'en E, suivant la proportion des lignes A H, A G, A B.
Je laisse combien l'impression d'un poids qui tomberait d'une hauteur donnée serait plus grande sur A D que sur A C, afin d'expliquer en quelle manière le vent qui remplit le soufflet ouvert A C B sort de dedans.
Puisque le poids a moins de force sur C A que sur A D ou sur A F , il semble qu'il devrait sortir moins de vent par la descente de C en D que par celle de D en B puisqu'il y a un solide d'air en A B C qui est double du solide qui est en A D B et que C presse moins que D , c'est à dire qu'il y a moins de force et plus de résistance, ce qui n'arrive pas. Si le vent était moins poussé au commencement de la descente qu'à la fin, le son des tuyaux s'altérerait, ce qui n'arrive pas. L'on conclue que le vent sort également et qu'il ne faut point ici considérer les raisons des différents leviers ou de la différente inclinaison des plans.
S'il y a de la différence notable dans le vent, c'est à la fin depuis F jusqu'en B parce qu'il en reste si peu qu'il n'est pas capable d'en fournir ce qu'il en faut aux tuyaux. On remédie à ce défaut par l'autre soufflet qui l'accompagne parce qu'il est plein quand l'autre est vide. La layette étant pleine de vent empêche que le poids ne descende trop vite.

&c. (L'essentiel est dit !).