Traité de l'Orgue de |
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Le Tremblant appartient au porte vent dans lequel il est enfermé, c'est pourquoi on l'appelle le Tremblant à vent clos (maintenant : Tremblant doux) dont on use à présent parce qu'il est plus agréable et qu'il ne bat pas l'air si rudement ni si promptement que celui qui est à vent ouvert, ou perdu (tremblant fort), dont on usait autrefois, comme l'on voit encore dans les vieilles Orgues. (On en voit toujours dans les Orgues de Cavaillé-Coll sous l'appellation "Trémolo"). Le Tremblant à vent clos n'est autre chose qu'une soupape doublée de 3 ou 4 cuirs, laquelle est suspendue un peu en penchant et portée sur un petit carré de bois creusé par le milieu et qui n'a qu'un demi pouce de haut tout à l'entour. Les bords de ce carré sont aussi doublés de cuir, de peur que la soupape battant dessus ne fasse trop de bruit et ne batte trop rudement. Elle est seulement attachée en haut de ce carré afin qu'elle s'ouvre et se ferme librement. Ce carré doit aussi être disposé en penchant de sorte que le bas soit vers le dehors et le haut vers la soufflerie afin que le vent trouve le passage plus libre en entrant dans le porte vent car si le carré était perpendiculaire au porte vent, le vent qui est déjà interrompu par la soupape qui y est attachée, ne pourrait fournir (alimenter) les jeux de l'Orgue dont on voudrait jouer. On évitera ceci en donnant la pente d'un pouce et demi à ce carré que quelques uns appellent Lunette. Il faut mettre un fil de fer ou de laiton crochu en forme d'une anse de bahut sur le tremblant dont les deux pointes soient tellement arrêtées sur le haut de la soupape que l'anse aille tout du long et qu'elle soit relevée et recourbée deux pouces plus haut que le bas de ladite soupape, afin que le poids de plomb du tremblant soit tellement attaché au bout de ladite anse qu'il soit suspendu en l'air. On le fait battre plus ou moins vite suivant le poids qu'on y attache. Il bat plus vite quand il a plus de poids et plus lentement lorsqu'il en a moins. L'industrie du Facteur consiste à le tempérer de telle sorte qu'il ne batte ni trop vite ni trop lentement car s'il est trop tardif, il ne servirait pas du tout quand on touchera plusieurs touches après avoir tiré 3 ou 4 jeux. Il bat comme il faut quand il bat huit fois dans le temps d'une mesure qui dure deux secondes d'heure. Quant à la grandeur du tremblant, elle n'est pas réglée
quoiqu'il réussisse d'autant mieux qu'il est grand. Parce que les
porte vents ont coutume d'être un peu trop plats pour le loger,
on ajoute une petite caisse qui avance hors le porte vent à l'endroit
du tremblant. Il est bon que le Tremblant ait trois pouces et demi ou
quatre de large et un demi pied de long. Il est bon de faire deux rainures
des deux côtés de cette lunette qu'on ajoute sur le porte
vent afin d'avoir un ais (planchette) à
coulisse ou à queue, lequel étant doublé de cuir
et joignant sur la lunette aussi doublée de cuir, qui donne le
moyen de regarder le Tremblant lorsqu'il sera nécessaire d'y toucher
(trappe de visite). L'autre sorte de Tremblant ne diffère du précédent
qu'en ce qu'on l'applique par dehors le porte vent sur une lunette ou
fenêtre droite ou qui penche comme la précédente.
Il faut mettre une autre soupape dans le porte vent afin, qu'étant
fermée, elle empêche que le vent n'aille au tremblant que
lorsqu'on l'ouvrira. On aura un parfait Tremblant s'il n'altère point trop les tuyaux et s'il bat de telle sorte qu'il fasse imiter le tremblement des voix aux jeux de l'Orgue. Il vaut mieux qu'il soit près du sommier où le vent ne le fait pas battre trop vite. DGW : Mersenne a oublié de préciser qu'il faut adjoindre au tremblant doux un levier recourbé qui passe par le couvercle, afin de maintenir la soupape levée quand on ne veut pas qu'elle batte.
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