Traité de l'Orgue de |
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Monsieur Boulliau, l'un
des plus excellent Astronome de notre siècle, m'a donné
une table harmonique qui mérite d'être insérée
dans ce traité parce qu'elle contient toute la Théorie de
la Musique et qu'elle doit être considérée de tous
ceux qui aiment l'Harmonie. Où il remarque en premier lieu que la progression harmonique est tellement composée de la Géométrique et de l'Arithmétique, qu'elle vient de deux progressions géométriques jointes ensemble sous la raison double et suivant la réplique des octaves : de sorte que l'on fait une bonne Harmonie en répétant l'octave du Lichanos Meson, ou du G ré sol, et celle du Lychanos Hypaton, ou D ré sol, laquelle est composée de ces termes 3, 4, 6, et puis de 6, 8, 12, et finalement de 12, 16, 24, outre lesquels on ne peut passer sans user de répétitions. En second lieu, on rencontre six consonances dans l'ocatve divisée en douze demi tons égaux, à savoir la tierce mineure, la majeure et la quarte; et leurs compléments que sont la sixte majeure, la mineure et la quinte. En troisième lieu, que toute harmonie est engendrée de
sons différents et non contigus qui sont tellement commensurables
entre eux que l'un peut contenir l'autre et qu'ils sont joints par un
lien commun. Parce que les sons se font par des corps, il en faut chercher
la raison dans les solides (volumes) et non
dans les plans ou dans les lignes. D'où il conclue que l'union
des sons fait l'harmonie par l'égalité de l'unisson ou par
la ressemblance des autres intervalles. En quatrième lieu, il faut procéder autrement dans la quarte
et dans la quinte parce que leur raison n'est pas composée de cubes
mais de plinthes ou de parallélépipèdes, car le rectangle
solide de la quarte est 720, celui de la quinte 1008, dont la somme fait
le cube de l'octave 1728. Quant aux autres consonances, outre les deux cubes, elles considèrent trois solides rectangles qui sont tirés de la division d'un cube en deux cubes semblables. D'où il conclue que l'union, et par conséquent l'harmonie, se conserve quand la division n'est point multipliée et qu'elle se détruit lorsqu'elle s'augmente. Quant au triton, il contient six intervalles dont le complément est un autre triton. Le cube de l'un et de l'autre est 216 et la somme des deux, à savoir 432, est la différence d'avec le cube de l'octave 1296 qui contient six cubes du triton. L'octave entière contient 8 cubes du triton. Mais cet intervalle n'est pas harmonique, encore qu'il se résolve en cubes égaux et commensurables entre eux, parce qu'il n'y a point de différence entre eux et que l'un ne peut contenir l'autre. D'où il arrive qu'il ne fait point d'union des tons par la réception de l'un et l'autre, mais une collision désagréable. Car l'harmonie veut que l'octave contienne le plus grand intervalle et que le plus grand contienne le moindre afin qu'il y ait une distance commensurable entre les uns et les autres. Il faut néanmoins remarquer que l'harmonie souffre la commensurabilité des cubes du triton par le moyen d'un léger attouchement par lequel on passe à une parfaite harmonie. La seconde, ou le ton, a deux intervalles dont 8 est le cube. La septième qui est son complément en a 10 et son cube est 1000. La somme de ces cubes font 1008 et la différence d'avec le cube de l'octave est 720 qui contient 90 cubes du ton. La septième contient 125 cubes du ton. L'octave contient tous les cubes de la septième, plus 9. Mais elle ne peut être appelée harmonie, encore que l'octave contienne la septième et la seconde, parce que l'un et l'autre de leurs sons étant contigus aux extrémités de l'octave, ils s'entrechoquent. Bien qu'autrement que dans le triton dont la collision se fait au milieu de l'octave, cette collision est cause que ces sons sont désagréables à l'oreille.
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