J'ai essayé de simplifier le texte afin d'en améliorer
la compréhension.
Le texte authentique (à la traduction française près)
est dans la page consacrée à l'ensemble de son traité,
au chapitre 8. Voir : le
traité d'Arnold Schlick
"Le huitième chapitre traite
de l’accord des orgues et indique le moment auquel il convient de le faire,
la manière dont chaque plan sonore doit être accordé
dans les aigus ou dans les graves, la manière dont on y réalisera
les intervalles ou les accords, à savoir l’unisson, la quinte,
l’octave, la quarte, la sixte, la tierce, au moyen desquels s’effectue
toute la musique vocale ou instrumentale".
Ensuite Schlick considère qu'il est inutile de s'attacher à
la perfection des intervalles de quinte et de tierce puisqu'on ne peux
les avoir dans leur totalité bien que ce soit ainsi qu'ils sonnent
le mieux. Si les quintes sont justes, les tierces sont "trop
hautes, épouvantables et dures". C'est là l'illustration
de l'abandon du système pythagoricien.
Il précise également que si on ne compose que des tierces
justes, "les quintes seront alors trop hautes".
Il met ensuite en évidence qu'une suite de 3 tierces pures ne
donnent pas une octave pure, de même que si l'on réalise
une quinte pure suivie d'une quarte pure.
Il en conclue : "comme les intervalles sont bons lorsque chacun
est pris pour soi, et ne peuvent s'accorder les uns les autres ou se supporter
mutuellement, il faut donc les amputer chacun et les réunir afin
que l’un contribue à supporter l’autre ... de sorte que l’on puisse
les utiliser les uns avec les autres et que les dissonances, celles que
les organiers appellent le loup, soient autant que possible réparties
et disposées là où elles causeront le moins de désagrément".
Il s'oppose aux feintes brisées: "on a construit un
jeu qui possède des demi-tons doubles (doppel Demitonien) aux
claviers et au pédalier. La cause en fut que les demi-tons habituels
étaient soit trop hauts, soit trop bas; les autres, ceux que l’on
appelait semi demi-tons (halb Semitonien) ou encore ignoten,
devaient remédier à cela à l’aide de leurs tuyaux
et de leurs chœurs exceptionnels; mais ce fut en vain, ils étaient
inutilisables".
Suit la "recette" :
Commencer sur le fa, prendre sa quinte ascendante ut
qui doit être abaissée "autant que l’oreille pourra
le tolérer ... il faut que l’on entende que cela sonne de manière
instable avec des tremblements, que les chœurs des quintes en question
... résistent et tendent, tant bien que mal, à se fondre
l’un dans l’autre".
" Lorsque l'ut est accordé, accorde alors
sa quinte ascendante sol de la même manière
et de même la quinte au-dessus à savoir ré".
On a ainsi 4 notes et 3 quintes, mais il recommande, afin de ne pas
monter trop haut, de redescendre d'une octave en accordant le ré
inférieur.
"Ensuite la quinte ascendante de ce re, à savoir la,
et laisse-la flotter aussi bas que possible". Ensuite le mi
de la même manière, redescendre au mi inférieur puis
accorder le si bécarre qui "sera également
accordée plus bas à la manière des autres quintes dont
nous venons de parler".
"Lorsque les touches ou les chœurs en question sont ainsi accordés,
donne alors à chacun son octave ascendante et descendante de manière
à ce qu’elles soient accordées juste et bien (das sie
gantz und woll jnn stehen), et tu disposeras alors de toutes les touches
diatoniques (claves naturales). Mais il faut avant toutes choses
que les octaves soient sonores et s’accordent parfaitement les unes avec
les autres".
" Quoique les tierces majeures ne soient pas bonnes, mais
qu’elles soient toutes trop hautes, il est cependant nécessaire
de veiller à soigner l’accord des tierces do - mi,
fa - la et sol - si, autant toutefois
qu’elles se toléreront réciproquement compte tenu de leurs
quintes, la raison en est qu'on les utilise beaucoup plus souvent que
les autres; mais les tierces dont on vient de parler seront d’autant meilleures
que les intervalles du sol# au mi et au si
seront mauvais. Mais cela a moins d’importance que les tierces dont
nous venons de parler ainsi que nous ajouterons plus loin au sujet du
sol#".
"Voyons à présent ce qu’il en est des demi-tons, des
bémols ou des feintes (Semitonien oder b mollen oder Conjuncten)
quelle que soit leur dénomination".
On repart du fa initial. "Prend sa quinte inférieure
en sib et accorde-le suffisamment haut vers fa, de
telle manière que la quinte ne soit pas juste, mais que tout en
tremblant (schwebent), elle soit tirée vers le haut autant
que le permettra sa tierce supérieure ré.
les quintes sous sib, comme le ré# puis
le sol# s’accordent le plus haut et le mieux avec les tierces
intermédiaires à savoir sol et ut,
qui, autrement, sonneraient très désagréablement
là où les quintes tirées vers le haut ne leur viendraient
pas en aide".
Lorsque le sib est ainsi accordé, prend alors sa
quinte inférieure, ré# ou mib; on la
haussera également vers sib ainsi qu’ils été
dit de la quinte précédente et donne ensuite à ce
ré#, son octave ascendante juste.
Donne ensuite à ce même re# sa quinte descendante
vers sol#; non pas trop haut, mais, à titre d’essai
au moment de la vérification, plus petite que la quinte juste.
Cela profite mi et au si dans la clausule
en a-la-mi-re; il n’en reste pas moins que le sol# ainsi
accordé ne donne pas une tierce juste ou une sixte parfaite avec
la quinte formée par le mi et le si lorsqu’on
clausule en a-la-mi-re; par exemple lorsqu’on veut clausuler ou
parvenir à perfection et tenir un repos, ainsi qu’on le dit communément,
il faut que précède une sixte parfaite ou sixte majeure
d’une quinte et d’un ton. On tolérera cependant cela plutôt
ici qu’ailleurs, étant donné qu’il s’agit d’une clausule
et qu’il n’est pas indispensable que le sol# du déchant
soit tenu aussi longtemps que les autres sons; on pourra au contraire,
dans une telle clausule dissimuler le déchant au début par
une petite pause (Peusslein) ou par une diminution droite (gerader
Diminutz), une petite mesure (Tectlein), un passage (Leufflein),
un petit trait (Risslein), une fioriture (Floratur) selon
le nom que tu voudras lui donner, afin que la dureté souvent remarquée
des clausules passe inaperçue, comme sait le faire un organiste
adroit ; il est impossible de faire cela dans les autres accords comme
sol# - re# - ut, car on ne s'en sert pas comme d’une clausule
vers ut#, mais on en dispose ailleurs et on l’exécute à
l’orgue au titre d’un de ces accords de 3 ou 4 voix simultanées
que donne le contrepoint.
C’est pourquoi il est nécessaire que les notes soient tempérées
et accordées de sorte que l’on puisse s’en servir selon que l’exige
la musique car les demi-tons n’ont pas été inventés
ou faits en vain.
Mais certains sont d’un autre avis et prétendent qu’il vaut mieux
ajuster le sol# au mi et au si pour clausuler en
a-la-mi-re, que de l’ajuster au ut et au re#. Cela
m’étonne beaucoup de leur part qu’ils affaiblissent ainsi la musique
et lui ôtent sa spécificité propre, à savoir
la douceur des accords justes et ceux étranges.
...
Poursuis et reprend sur si ; il s’ensuivra alors le reste
des demi-tons. Ainsi donne à si sa quinte ascendante
fa#, et abaisse-la légèrement afin que la
tierce avec re et la ou encore que la sixte
parfaite avec l’octave inférieure du la renforcée
de la quinte descendante sol soient utilisables et ne soient
pas trop hautes; conformément au fréquent usage de la clausule
en g-sol-re-ut,tandis que l’on utilise et apprécie rarement
le re dans la quinte si et fa#;
accorde ensuite assez justement fa# à sa quinte
supérieure ut# afin que l’on puisse l’utiliser avec
la et mi, comme une clausule habituelle en
d-la-sol-re. Et quoique le ut# en question soit trop
bas par rapport à sa quinte supérieure sol#, cela
n’a pas d’importance car on ne l’utilise pas, à moins de jouer
intégralement per fictam musicam; c’est-à-dire sur
toutes les touches noires, ce qui est sans nécessité; et
les compositeurs n’écrivent aucun chant intégralement en
notes étrangères. A moins que l’un d’eux cependant se mette,
par curiosité ou par goût de l’étrange, à progresser
per fictam musicam, le premier ton en b-fa-b-mi, par exemple,
ou le cinquième en e-la-mi etc. .. L’organiste cependant
n’est pas tenu pour autant de le jouer selon ces notes, mais pourra au
contraire le transposer vers le haut ou vers le bas afin d’éviter
l’usage des demi-tons qui sont les plus dissonants, a savoir ut#
et sol#.
Nous avons vu dans le texte que l'orgue d'Arnold Schlick disposait
d'un clavier d'une étendue de fa1 à la4 et d'un pédalier
de fa1 à ut3.
Clavier et pédalier étaient transpositeurs sur + ou - 1
ton.